25/11/2012

617. Détresse - Ceux qui ont accueilli

DETRESSE

La tristesse te pénètre
Au point que tu crois mourir,
O cœur fait pour toujours être
Terrassé par le plaisir !

Cœur savant en toutes choses,
Prodigue sans t'épuiser,
Cœur souffrant que seul repose
L'étouffement du baiser,

Qui saura ton épouvante,
Cœur par les pleurs soulevé,
Toi qui par détresse chantes,
Rossignol aux yeux crevés !

CEUX QUI ONT ACCUEILLI..


Ceux qui ont accueilli le bonheur puissamment,
Sachant que c'est un dieu et qu'il faut qu'on le brave,
Ont dans l'enfer humain connu la part suave,
Et sans crainte goûté l'infini du moment.

Ils ont, dans leur joyeuse et subite ignorance.
Ramassé sur leur cœur la brève éternité;
Scintillants et profonds comme les nuits d'été,
Ils ont, par la prodigue et trompeuse espérance,
Éprouvé leur puissance et leur immensité.

Qu'importe si les pleurs, les regrets, les tortures
Assaillent cet îlot que leur plaisir formait;
Ce qui fut est divin et ne périt jamais ;
Châtiez ces vainqueurs, implacable Nature !

Et c'est votre bonté charitable, ô Douleur,
Votre bonté prudente et qui permet qu'on vive,
D'être parfois dans l'ombre arrêtée et furtive,
De laisser quelque temps s'épanouir le cœur,
De ne pas annoncer que votre règne arrive.
Et de surgir comme un voleur !

Les Forces Eternelles