18/11/2012

553. Quand le soleil - Calme soir

QUAND LE SOLEIL..

Quand le soleil descend dans un azur limpide
Et rapproche de nous son lumineux réseau,
On entend se lever sur le soir clair et vide
Le brouillard du chant des oiseaux.

Toutes ces voix ruées sur l'heure du silence
Démêlent, semble-t-il, un écheveau soyeux.
Un cri tire, un cri perce, un autre cri s'élance
Et raye le satin des cieux.

Et l'azur peu à peu se gonfle de lumière
Comme une fleur explose avant que de finir.
Crépuscule ! Seconde aurore, plus austère,
Plus pesante de souvenirs.

Que j'aime ta douceur méditative et sage,
Qui porte la fatigue et la somme du jour,
Vaisseau aérien dont le lent abordage,
Indulgent à la vie, indulgent à l'amour.
Verse sa cargaison de fruits meurtris et lourds...

CALME SOIR

Six heures du soir en été,
Paix, silence, immobilité.
Des écharpes de soleil dorment
Dans l'herbe épaisse, sous les ormes.
Le temps est dans l'ombre arrêté :
C'est un moment d'éternité.
Un magnolier que le soir creuse
Donne son odeur somptueuse.
Les jardins ont, tout engourdis,
La fixité du paradis.
— O calmes cieux, tièdes pelouses.
Mon fiévreux esprit vous jalouse ;
Repliement de l'air et des prés,
Laissez-moi ne rien désirer;
Que je sois, comme vous, unie.
Longue, stable, sage, aplanie,
Captive sous le frais réseau
Du vert parfum des bois, des eaux.
—  Oui, rien ne bouge, rien ne change
Dans ce soir tiède, mol, étrange.
On croirait que tout est dissous.
Qu'il n'est plus de temps, plus de nombre,
Qu'il ne fera plus jamais sombre.
Si, détournant son œil si doux,
Le mouvant soleil, tout à coup,
N'avait mis ce rosier dans l'ombre...

Les Forces Eternelles